Ted

Publié le par volnay

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/57/28/20196214.jpgJ’imagine, peut-être avec crédulité, que Mark Wahlberg et Mila Kunis ont du écarquiller des yeux tous ronds de perplexité en découvrant le scripte du film qui leur était proposé: un enfant de 8 ans voit son vœu le plus cher exaucé lorsqu'une nuit, une étoile filante donne vie à son doudou d'ours en peluche. L’ourson et l’enfant deviennent dès lors les meilleurs amis au monde.


Si on précise que Walt Disney n’est en rien concerné dans cette production, Seth MacFarlane, auteur et réalisateur, n'avait à mon sens le choix qu'entre deux directions majeures pour développer une intrigue à partir d’un tel postulat. Le plus sage aurait été certainement de réaliser un film, certes niais, mais dédié au jeune public ou l’ourson serait non seulement l’âme sœur de l’enfant, mais aussi pourquoi pas l’ange gardien des animaux domestiques de la maison. Tout ce petit monde serait ligué contre le terrible chien carnassier et agressif du voisin… bref un film dans la lignée d’un Toy Story ou la morale sauvegardée aurait ému les plus jeunes d’entre nous… MacFarlane opte pour une toute autre solution, en réalisant un film strictement pour adulte et en décrivant l’ourson comme un adolescent dégénéré, aux multiples vices, dont tous les parents cauchemarderaient d’héberger au domicile familial.
Là où on aurait pu profiter d’une version un peu déjantée et modernisée d’Alf, on tombe sur du South Park très moyennement inspiré. Car si la série animée alliait habilement humour provocateur et insolence, Ted balance à tout va dans le vulgaire et le racoleur. Autant le dire, l’essence dramatique du long métrage se résume en une phrase pour le personnage principal : choisir entre déconner avec son meilleur pote ou batifoler avec sa copine. Puisque Mark met le film entier à se décider, on ne peut que subir, impuissant, le récit aux rebondissements prévisibles une heure à l’avance. L’action se déroule en attendant désespérément que le gag suivant soit meilleur que le précédent. L’humour étant fortement porté sur toutes les fonctions expulsives du corps humain, on atteint des sommets en matière de scatologie à faire pâlir un Jean Roucas à un concours de blagues.


Pourtant on entraperçoit au cours des premières scènes, quelques prémices de pistes où d’autres auteurs plus motivés se seraient engouffrés avec plaisir, comme l’identité adulte vs enfant et les responsabilités de la vie d’adolescent émancipé. Manifestement ce n’était pas l’intention de MacFarlane ou d’Universal puisque tout cela est vite balayé pour sombrer dans le 100% trash. La cerise sur le gâteau éclabousse la fin en tombant dans la pire mièvrerie, n’assumant même pas jusqu’à l’épilogue de l’aventure son coté décalé. Ceci parachève définitivement l’œuvre pour la ranger soigneusement au rayon des nanards 2012.
Le doublage français est encore une fois plus que moyen et Joey Starr n’apporte rien de comique au personnage si ce n’est que la vie dissolue du rappeur permet de s’identifier parfaitement aux préceptes enseignés par la peluche.

 

Surpris des critiques anglo-saxonnes et françaises plutôt élogieuses, je cherche désespérément quelque chose de positif à conserver de ce naufrage. Un message caché au troisième degré que j’aurais manqué ? Une dénonciation du désœuvrement intellectuel des adolescents de la société actuelle?
On se surprend à échapper sporadiquement un ricanement au détour de quelques blagues qui font mouche. Notamment les références assumées qui visent la geek attitude (un bon point rafraichissant tout de même pour la vanne démoniaque que se mange Taylor « Jacob » Lautner). C’est tout de même bien léger au vu des critiques flatteuses et presque unanimes de la presse spécialisée.
Alors en prenant le parti du film pour adulte, trash et dérangeant, MacFarlane s’aliène une large partie du public. Pour simplifier je dirais les moins de 12 ans et plus de 16 ans. C’est quelque part aussi, gâcher une idée de départ, qui mieux traitée, aurait pu être intéressante et jubilatoire. On se consolera avec les films de Jude Apatow qui reste à mon goût, le référent incontesté dans le domaine, tout en sachant que suite au succès outre atlantique, un deuxième épisode avec cet ourson mal léché est certainement à prévoir.

Publié dans PASSETOUTGRAIN

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