Drive

Publié le par volnay

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/93/95/19796325.jpgCe driver a tout du super héros. Il arbore un chatoyant costume au blason estampillé d’un arachnide venimeux et lorsqu’il se pare de ses gants en cuir aux pouvoirs magiques, pilote les automobiles avec l’habileté de Juan Manuel Fangio. Puis, comme tout super héros qui se respecte, sa vie sociale apparaît comme désastreuse et, en comparaison, ferait passer les gardiens de phare pour d’intarissables jet-setters. Mais s’il semble posséder les attributs requis pour concurrencer les Spiderman et consorts, il n’est pas sans faille ni faiblesse.

Les auteurs nous livrent un personnage énigmatique solitaire, certainement accro à l'adrénaline et au risque, mais dont on ne sait d’où il vient ni où il va, mais n’attendez pas de réponse dans ce long-métrage. Ce qui attise notre curiosité en début de film par son coté mystérieux, devient vite frustrant et pour finir décevant puisque le générique de fin apparaîtra en nous laissant comme un gout d’inachevé, la queue entre les jambes. Et ce n’est pas en analysant son attitude que l’on en apprendra plus sur son passé. Le « kid », puisque c’est son surnom dans le film, est dépeint comme quelqu’un de solitaire au mutisme presque maladif qui laisserait penser, en exagérant, qu’il est atteint d’autisme. Ce qui, au final, en fait un personnage très peu attachant pour lequel il est difficile de ressentir la moindre empathie connaissant peu ou prou de ses propres motivations. Impossible des lors de se faire une opinion.

Son comportement au fur et à mesure de l’histoire laisse même percevoir certaines incohérences qui ne font qu’aggraver notre détachement. Mécano et cascadeur la journée, mais bandit à ses heures perdues, il affiche dés la scène d’ouverture une certaine forme de déontologie contradictoire en prenant part à des braquages tout en affirmant une volonté farouche d’indépendance et d’irresponsabilité quant aux actes perpétrés pendant ces sorties nocturnes. Notre héros serait il quelques peu naïf ou simplement vénal ? Il semble même surpris de l’hypocrisie régnante dans les milieux mafieux lorsque les ennuis commenceront sérieusement à lui tomber dessus. Qui sont les dupés dans cette affaire ? Le héros découvrant avec colère la déloyauté et le manque de vertu du monde des truands ou le spectateur pigeonné par un réalisateur voulant lui faire gober la crédulité de son personnage principal. Peu importe la réponse, ça ne colle pas. Et nous ne sommes pas au bout de notre peine. Le film prend un sérieux virage définitif lorsque le « Kid », alors amoureux de sa voisine attristée par l’absence de son délinquant de mari emprisonné, décide d’apporter de l’aide au couple au retour du conjoint alors aux prises à ses anciens partenaires d’exactions. Bien mal lui en prend car, entrainant un déchainement de violence gratuite, le héros se révèle être un véritable psychopathe qui, malgré un certain aplomb et une détermination sans faille, perd indéniablement les pédales. Il n’y a qu’à croiser son regard complètement perdu à la conclusion de la scène de l’ascenseur, implorant quasiment le pardon pour son acte, afin de comprendre notre désarroi.
Les premières minutes du film sont pourtant vraiment captivantes et drôlement alléchantes avant de sombrer petit à petit dans la facilité et le convenu. Alimenté par un scénario à la trame des plus basique, une simple histoire de vengeance, l’intrigue ne permet en aucune manière à la mise en scène de s’exprimer autrement que par le témoignage d’actes de barbarie. Le réalisateur danois ne joue en effet que sur l’atmosphère et la mise en image brute et sans retenu, accordant beaucoup d’importance à l’esthétisme stylisé des plans. Un ralenti par ici, un cadrage improbable par là, le film, accompagné d’une bande originale pop assez présente par moment et par la privation régulière de dialogue, ressemble plus à un long clip ou a une publicité qu’à un long métrage. Ce qui procure une sensation d’apathie générale assumée, ponctuée par des brefs changements de rythmes radicaux qui ont surtout pour effet de réveiller le spectateur peu scrupuleux qui aurait tendance à s’assoupir. C’est d’ailleurs ce qui a du toucher le jury présidé par sieur De Niro pour lui avoir décerné le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes. La mise en lumière est, il faut le reconnaitre, tout de même impressionnante et est peut être la seule chose positive finalement à conserver de cette œuvre. Mais il ne suffit pas de savoir éclairer une poursuite en bagnole de nuit pour crier au génie ! N’est pas Michael Mann qui veut, il faut aussi du contenu. L’interprétation est à la hauteur des espérances au vu des personnages. Ainsi rien d’extraordinaire mais Ryan Gosling et Carey Mulligan s’en sortent aisément de part le jeu quasi mono expressif qui leur est demandé.
J’ai du manquer quelque chose au regard des critiques dithyrambiques de la presse et de certains spectateurs. On crie au film culte, j’entends les plus belles louanges sur le réalisateur Nicolas Refn. Ca me laisse pantois. Les fans midinettes de Ryan Gosling en resteront sur leur faim tout comme ceux qui s’attendent à une photocopie des Fast and furious. Quant aux autres, je les laisse découvrir, avec avertissement pour les quelques scènes de boucherie, ce film, vide de sens, au style emphatique, à la violence injustifiée, que certains témoigneront comme cultissime et auxquels je répondrai de réviser leur classique !

Publié dans PASSETOUTGRAIN

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